Après la Brûlure...

 

 

 

 

Atelier

 

TETE EN POINTE

L'atelier de Deruber

"Lui N°267"

"On me parle toujours de réalité. Mais est-elle vraiment si importante ?". Dans son appartement-atelier-capharnaüm dominant les canaux de la Petite France, Deruber contemple une ville qu'il adore jusqu'à la peindre, même si cet amour est rarement payé de retour.

Fils unique, la cinquantaine dépassée, une carrure d'hercule drapée dans une robe d'intérieur, Deruber est plus qu'une silhouette. Personnage de la scène artistique et des winstubs, il a inspiré à Jacquemart et Sénécal, les auteurs du roman policier "Le crime de la maison Grün", prix du quai des orfèvres 77, l'un des personnages clé de l'histoire. Sous les traits de Wotan se lit le portrait de Deruber.

"Enfant je peignais pour fuir le monde des adultes" se souvient-il, ce qui ne l'empêche pas dans les années 50 d'être l'un des créateurs de l'ARTUS, le théâtre universitaire de Strasbourg, puis d'entreprendre des études de médecine sans lendemain. Toute sa vie se construira ainsi : Entre un désir de créer par la peinture et l'obligation de trouver un emploi pour faire bouillir la marmite. "Je ne détesterai pas vivre de ma peinture mais tous les gens qui aiment mes tableaux sont fauchés et ceux qui ont de l'argent achètent autre chose". Un aveu dit avec le sourire pour masquer le bleu à l'âme provoqué par cette absence de reconnaissance. Et pourtant, depuis une trentaine d'années ceIà ne l'empêche pas, tableau après tableau, d'enrichir son univers "allusif poétique", selon sa propre définition "à mi-chemin entre le figuratif et l'abstrait". "Dans chaque toile j'essaie de mettre une histoire complète, une rêverie qui laisse un espace à l'imaginaire du spectateur. Un tableau naîtt toujours deux fois : quand on le peint et une seconde fois quand il rencontre le regard du spectateur".

Après ses paysages strasbourgeois baignés de bleu profond, "j'aime les teintes non délavées, l'explosion de couleurs", Deruber met la dernière main à sa prochaine double exposition. D'abord du 10 au 14 mars à la Chambre de Commerce de Strasbourg, en avril ensuite à la Galerie Gutenberg où il présentera "Moisson grecque", des oeuvres ramenées d'un voyage en Grèce. Un pays où son tropisme pour le bleu a pu s'épanouir.

 

 


Autres textes

"Impressions d'atelier" par André Reibel (PDF)

"Deruber, peintre maudit?" par J.J. Blaesius (PDF)