De la Finlande à la Grèce, dans l'Europe et la France profonde, Deruber a été un quêteur de lumières et de rencontres d'hommes

 

 

 

 

 DERUBER: à la Galerie Vauban: La grande vague de la vie...

 

Ah! la bonne, la belle, la vivante peinture que celle de Deruber! Les murs de la Galerie Vauban qui accueillent son exposition éclatent de lumière, vibrent au rythme profond de chaque toile. Une saison artistique qui commence d'une telle manière est un réconfort pour le critique en mal de mièvres compliments! Oubliez ceux-ci et affublez l'oeuvre de Deruber des superlatifs que votre cœur affectionnent: vous aurez une mince idée de tout l'intérêt de cette peinture. Il faudrait presque s'en tenir là; la rencontre avec cet artiste est une sorte de «coeur à coeur» où les mots ne font que déflorer le sentiment ressenti. Seulement, il y a plus grave: après le traditionnel succès d'estime acquis le soir du vernissage, la galerie s'est désertée, recevant peu de visiteurs et encore moins d'acheteurs potentiels. A Dijon, les amateurs d'art considèrent Deruber comme un non figuratif, ce qui engendre chez la plupart d'entre eux une moue d'indifférence. Alors il faut jouer à nouveau les Don Quichotte et enfoncer des portes largement ouvertes pour «expliquer» Deruber.

Dieu sait pourtant qu'il n'en a pas besoin! Son oeuvre est perceptible au premier degré et ne nécessite en aucun cas une gymnastique visuelle et intellectuelle compliquée. Deruber est un «vrai» figuratif, en ce sens qu'il ne se contente pas d'établir un constat photographique de son sujet mais qu'il lui insuffle tout son caractère, lui restitue toute sa grandeur. Certes, il n'y a pas sur la toile une démonstration, mais des allusions évidentes. Parler de non-figuratif à son propos est un non-sens absolu relevant d'un manque de sensibilité inquiétant. Puissant coloriste, il affectionne la gamme des bleus sur laquelle des harmonies orangées éclatent comme autant de soleils. La manière est forte, marquée par une technique et un caractère hors du commun.

Adieu la carte postale, la vie figée ou stéréotypée: Deruber passe et tout renaît. Ce sont des éclaboussures, des vagues envoûtantes, la véritable vie perçue par un artiste authentique. Qu'il cerne un nu, qu'il étale une cascade ou qu'il étire des arbres morts, c'est chaque fois le même équilibre que son talent nous restitue. Tantôt débordant d'optimisme, tantôt influencé par un univers de tourments. Deruber possède la simplicité des grands: celle qui mène sans détour à l'essentiel. Pour le visiteur, il ne fournit pas de mot de passe ni de «démarche-type». Il suffit de regarder, de se laisser entraîner par la vague.

Je m'en tiens là, le reste serait superflu. Ce Strasbourgeois mérite tout, sauf l'indifférence. Ses toiles sont capitales, signifiantes. Artiste solitaire, en marge des tâcherons à l'oeuvre calquée sur le même moule, il témoigne de notre vie. Certains refuseront ce témoignage: qu'ils reconnaissent au moins qu'on ne peut l'ignorer.

Pour moi, il constitue une merveilleuse leçon d'amour... et de peinture!